samedi 12 octobre 2013

Ingéniosité des organisations paysannes dans la transformation du manioc au Cameroun : cas du GIC Sécurité Alimentaire du Cameroun (GIC-SAC)


Nouvelles variétés de manioc propices à la transformations
Jus de gary

La crise alimentaire qu’a connue bon nombre de pays Africains a fondamentalement remise en cause la politique jusque là pratiquée. Depuis 2000, la plupart des pays d’Afrique subsaharienne ont décidé de replacer l’agriculture au cœur des politiques de développement. Il s’agit de permettre au secteur agricole de couvrir les besoins alimentaires des populations. Le manioc, 5ème production alimentaire mondiale (après le maïs, le  riz, le blé et la pomme de terre), joue un rôle prépondérant dans l’alimentation de 600 millions d’être humains dont 200 millions en Afrique. En Afrique centrale, le manioc est la première production végétale alimentaire et constitue la base de l’alimentation des populations (FIDA, 2008). Au Cameroun, à cause de l’exode rural et les besoins alimentaires résultant de la croissance démographique (environ 20 millions d’habitants), le surplus de manioc commercialisé par les ménages ruraux a augmenté de 50% depuis 2010 pour satisfaire la demande rurale et urbaine (PNDRT, 2011). Le même auteur souligne que la consommation du manioc frais ou transformé est estimée à 1 136 000 tonnes et représente 10% des dépenses alimentaires. Selon  le FIDA(2008), l’avenir de la filière manioc au Cameroun réside dans la transformation en produits dérivés destinés à la consommation humaine et animale. Or on constate que même si la transformation du manioc est recommandée pour réduire sa teneur en glucoside cynogénique, cette activité est un maillon faible au Cameroun due à l’absence des infrastructures de transformation et de conditionnement. C’est pour cela qu’on constate que la transformation du Cameroun est encore artisanale et est l’œuvre d’environ 90% des femmes qui mettent à disposition des ménages les produits suivants : les cossettes,  le fufu,  le water fufu, le tapioca, et les bâtons de manioc (Miondo, Mintumba). Seulement 1/3 de la production nationale est transformée alors que les habitudes alimentaires le veulent transformer.
le GIC présente quatre produits innovants à savoir la pâte alimentaire « Miondonini », le jus de semoule de tapioca « gari light »,  le kit alimentaire « gari plus », et le tapioca conditionné « gari show ».  Tous ces produits ont pour matière première la farine de manioc ou le tapioca

 Description des produits

Miondonini
  
« Miondonini »
C’est le nom commercial des pâtes alimentaires produits par le groupe. Il s’agit ici d’une composition de la farine de manioc et de niébé. Selon les responsables, un mélange de 1000g de farine de manioc et de 250g de niébé donne une pâte de 750g. Ce produit est conditionné en paquets de 250g et 500g.

-          « Gari plus »
C’est un kit alimentaire à base de tapioca pré-sucré enrichie aux autres produits. Il s’agit d’un sachet de 180g qui comprend 100g de tapioca, 9g de sucre, 21g de soja grillé et concassé, 20g d’arachide grillé et 30g de fruits séchées (banane, mangue, etc.).

-          « Gari show »
C’est un paquet de tapioca, conditionné sous une nouvelle façon. Il s’agit d’un sachet de 5kg de tapioca qui est préalablement calibrée à une maille de 1-1,5 mm. On distingue Gari show blanc sans huile  et gari show jaune avec huile.
-          « Gari light »

C’est le nom de la boisson alimentaire et énergétique à base de semoules de tapioca enrichie aux fruits, légumes, épices etc. il est conditionné dans des bouteilles recyclées de 33cl dont 9g de semoule de tapioca, et les fruits tels la mangue, le corossol, la noix de coco, la goyave, le fruit de la passion etc.

Performances de production

 Dans chaque produit commercialisé, les produits dérivés du Manioc occupent une proportion minimale d’environ 28%. Ceci  a permis d’évaluer la quantité totale de produits dérivés utilisés par an. Donc environ 2,287 tonnes de farine de manioc ont été utilisé en 2011 et 2012 soit en moyenne 1,143 tonnes par an. Environ 6,094 tonnes de tapioca utilisé entre 2011 et 2012 soit 3,047 tonnes par an. Ces quantités manipulées montrent que la capacité de transformation est encore faible et ceci s’explique par le fait que tout est encore artisanal. Le GIC SAC ne dispose pas d’équipement pour sa production.

Les contraintes de production 


 L’accès au financement est une contrainte majeure l’essor de ses activités. Cette contrainte explique le manque d’infrastructure et équipement observé. En effet, le lieu de production n’est pas vraiment adéquat pour l’activité de transformation. Le PNDRT avait déjà mentionné ces mêmes contraintes en 2006. Lorsqu’il précisait que  les difficultés liées à la transformation du manioc au Cameroun sont : l’insuffisance des matières premières, l’insalubrité des structures de transformation, l’absence de la structuration de la filière justifiant une faible compétitivité des produits dérivés. Toutes ces contraintes limitent les quantités et qualités de produit mis sur le marché et augmente la vulnérabilité des populations à l’insécurité alimentaire. Il est aussi important que les recherches s’orientent sur la sécurité sanitaire des produits proposés par le GIC SAC en relation avec le lieu de production actuel.

Perspectives

 Le génie créateur du GIC est déjà une avancé vers l’industrie de transformation agroalimentaire mais beaucoup reste à faire pour produire selon les normes notamment en ce qui concerne, la qualité, la péremption, et même l’emballage des produits (nous avons signalé que de jus sont conditionnés dans les bouteilles issues de la récupération). D’ailleurs, le FIDA pense que « pour améliorer le fonctionnement de la filière des produits dérivés du manioc au Cameroun, et en Afrique centrale, il faut que les gouvernements, les bailleurs et les projets de développement de la filière manioc adoptent une démarche cohérente et concertée qui repose sur ; (i) le renforcement de l’accès des transformateurs aux marchés (….) et l’organisation de la filière, (ii) améliorer les performances, l’efficience et l’accessibilité des équipements de transformation(….) (iii) Améliorer la diffusion et valorisation des savoirs »
Il serait donc important que, dans la vision du passage vers une agriculture de seconde génération au Cameroun, le gouvernement, la recherche avec le soutien des partenaires au développement, canalisent cette créativité du GIC SAC au profit du développement de l’agro-industrie basé sur la transformation du manioc. Ceci pour le bien être de toute la population fortement consommatrice du manioc et ses dérivés et assurer par là la sécurité alimentaire.

Contat GIC SAC : TEL +237 96 56 38 32
Email : gicsac2002@yahoo.fr 

2 commentaires:

  1. Réponses
    1. Oui le manioc est une culture qui fourni des moyens d'existence aux jeunes et aux femmes rurales. dans la zone CEMAC on en compte plus de 43 produits dérivés. Quel potentel pour le développement des unités de transformation!

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